samedi 19 juillet 2014

La scribe - Antoine Garrido







L’histoire en quelques lignes

En l’an 799 après J-C, Theresa vit à Wurtzbourg avec son père, Gorgias, le scribe. Apprentie dans un atelier de parcheminerie, elle suit les traces de son père et espère devenir un jour scribe. Mais, c’est sans compter Korne, le maître parcheminier. Pour lui, la place de Theresa, comme celle de toute femme, est dans un foyer à s’occuper de tâches ménagères et à élever des enfants.

Aussi, lorsque Theresa doit passer l’examen qui la proclamera compagnon parcheminier, Korne essaie de l’en empêcher. Mais un incendie se déclare, détruisant l’atelier et faisant plusieurs morts. Theresa est contrainte de fuir Wurtzbourg car tout le monde la croit coupable de l'incendie et on la croit morte.
Dans sa fuite, elle sauve des flammes des manuscrits et ne se doute pas qu’elle a emporté avec elle un précieux parchemin, convoité par de nombreuses personnes. Elle se réfugie dans la cité voisine de Fulda et fait plusieurs rencontres, dont celle d’un moine appelé Alcuin d’York. Complots, trahisons, mensonges, meurtres… Theresa parviendra-t-elle à retrouver son père ? Quel est donc le secret du parchemin qui suscite autant de convoitise ?
L'avis de Cherifa Tabiou
Antonio Garrido nous entraîne dans une intrigue savamment ficelée, dont l’issue est incertaine jusqu’aux derniers chapitres.
L’histoire, qui se déroule à l’époque du Roi Charlemagne en l’an 799, sur fond historique de famine et de révoltes, est basée sur le célèbre acte de donation de Constantin, empereur romain qui régna de l’an 306 à l’an 337.

Le texte du livre est d’abord difficile à appréhender si l’on n’a au préalable de l’intérêt pour l’époque à laquelle se déroulent les faits qui sont relatés. Mais il s’agit là d’une des forces de ce livre car le choix rédactionnel de l’auteur nous fait faire un véritable voyage dans le temps. Le vocabulaire utilisé est d’époque (journaliers, scriptorum, coadjuteur, grabat, vassal, arpents, deniers, scramasaxe etc.), de même que les occupations et le mode de vie des protagonistes de l’histoire (chasseurs, parcheminiers, scribes, soldats, marchés aux esclaves). La vie des moines y est très détaillée et l'usage du latin est régulier. Je regrette toutefois que les expressions utilisées n'aient pas été systématiquement traduites en notes de bas de page.
En majeure partie, les personnages, les circonstances, les paysages sont largement décrits, rendant leur visualisation facile. Néanmoins, quelques scènes échappent à cette règle et la description en est confuse et complexe pour le lecteur. Néanmoins, on arrive tout de même à comprendre l’essentiel des faits.
  
Gorgias, le scribe, puis sa fille Theresa prennent connaissance de ce document convoité par de nombreuses personnes, dont des hommes d’Eglise.
L’un de ces hommes d’Eglise, Alcuin d’York est l’un des personnages phares de l’intrigue. Au fil du livre, il se révèle être un véritable Scherlock Holmes – ou un Expert*, pour prendre une référence plus moderne car son talent fait de lui l'un des précurseurs de la police scientifique – et contribue à mettre la lumière sur plusieurs faits. 
Quant à Theresa, le personnage principal, on s'attache rapidement à elle car elle est naïve et peu expérimentée. Mais elle se révèle aussi très courageuse et a une force de caractère remarquable.
L’auteur s’amuse également souvent à tromper le lecteur avec d’autres personnages qui, lorsqu’on croit les avoir cernés, nous détournent de nos certitudes avant de nous ramener finalement à nos premières impressions.
Les circonstances dans lesquelles se déroulent les faits permettent d'appréhender l'époque : la famine, les maladies, les morts atroces, la guerre imminente, des hommes prêts à tout pour se nourrir, le pouvoir de l’Eglise. Certaines scènes sont quant à elles primitives et montrent la barbarie dont les êtres humains peuvent faire preuve.
L'auteur mélange les genres – roman à la fois historique, romanesque, d'aventures – et fait habilement cohabiter religion et politique, amour et haine.
Cet ouvrage est assurément l’un des meilleurs livres que j’ai lus. J’ai eu du mal à accrocher au début, à cause du contexte historique et du vocabulaire employé par l’auteur (qui m’étaient totalement inconnus) mais dès les premiers faits qui donnent vie à l’intrigue (la blessure de Gorgias, l’incendie de l’atelier de parcheminerie, les meurtres), on s’accroche au livre sans vouloir le lâcher avant d’avoir eu le fin mot de l’histoire.

lundi 7 juillet 2014

Une bonne épouse indienne - Anne Cherian


L’histoire en quelques lignes

Neel est un médecin trentenaire, originaire d’Inde, qui a réussi sa vie en Amérique. De son ancienne vie en Inde, il ne reste plus grand-chose à part les rares coups de fils passés à sa famille restée en Inde. Il s’attèle à vivre comme un vrai Américain, étant même parfois complexé d’être considéré plus comme un Indien qu’un Américain.

Sa famille en Inde désespère de le voir marié et multiplie les tentatives pour lui faire accepter un mariage arrangé, comme le veut les coutumes en Inde. Ses précédents retours en Inde lui avaient laissé un souvenir amer, ses parents s’étant organisés pour lui faire rencontrer des potentielles futures épouses.

Neel ne souhaite donc plus y retourner, malgré les supplications de sa mère. Pourtant, il va y être obligé. Son grand-père Tattappa est à l’article de la mort et il ne peut pas se résoudre à ne plus le revoir.

Lorsqu’il organise à contrecœur son retour en Inde, il n’a aucune idée de ce qui l’attend. Arrivera-t-il à déjouer les pièges tendues par sa mère, Mummy, et par sa tante paternelle Vimla pour lui faire épouser une Indienne ? Aura-t-il le courage de leur avouer qu’il a une copine américaine et qu’il ne se mariera jamais avec une Indienne ?

A travers ce livre, Anne Cherian nous plonge au cœur de la culture indienne, de ses coutumes et livre un regard intéressant sur les mariages arrangés.

L'avis de Cherifa Tabiou
A travers sa plume accessible et fluide, Anne Cherian nous fait plonger au cœur de la société indienne et de ses coutumes, nous faisant découvrir des expressions, des plats et épices, des vêtements, des rites etc.

Le thème du livre, les mariages arrangés, est appliqué à un couple que tout oppose et est abordé à la fois du point de vue de l’homme et de la femme.

Neel, naturalisé Américain, n’a plus d’Indien que la couleur de la peau et les traits de son visage. Il s’oppose farouchement au mariage arrangé souhaité par sa famille et n’a de cesse de poursuivre son idéal : épouser une femme américaine, blonde aux yeux bleus.

Leila quant à elle est l’archétype parfait de la femme Indienne moderne : instruite, élevée dans la tradition indienne mais attirée par le monde occidental rêvé à travers des romans et des films, élevée pour être une femme soumise mais qui cultive intérieurement ses propres opinions et sa force de caractère.

L’auteur aborde également la question de l’immigré qui, ne se sentant plus tout à fait appartenir à sa culture d’origine, n’en devient pas pour autant un authentique produit de sa terre d’accueil. Cette sensation ressentie dans le livre par un homme d’origine indienne, aurait pu être exprimée par millier d’autres étrangers de tout horizon, dès lors qu’ils avaient quitté une terre pour une autre.

La patience et la persévérance de Leila permettront finalement, à ce couple que tout oppose, de se trouver et de développer des affinités.

Ce livre se lit avec beaucoup de plaisir et permet au lecteur de découvrir une grande partie de la culture indienne et des valeurs qui sont chères à l'auteure.