dimanche 9 juin 2019

The Hate U Give (La haine qu’on donne), Angie Thomas






Hello les bouquins-lecteurs !

Parfois, on aimerait que la vie s’écoule paisiblement, sans toutes ces histoires sordides qui font la une des journaux : meurtres, viols, enlèvements, attentats, émeutes, guerres, catastrophes climatiques… Mais force est de constater que la réalité est toute autre.

Depuis de trop nombreuses années, on ne compte plus les violences policières et les assassinats d’hommes noirs par des policiers blancs et qui défraient la chronique aux Etats-Unis. On regarde ces images aux infos ; on compatit ; on est en colère contre le système ; on tweete des #blacklivesmatter ; on déplore l’injustice qui fait suite à la plupart de ces meurtres dont les auteurs restent impunis…

Et puis, la vie continue et malgré nous, on oublie un peu. Jusqu’à ce qu’un autre meurtre ne fasse la une des journaux.

En tant que femme noire, je me sens particulièrement touchée par cette réalité horrible que vivent les afro américains, cette insécurité liée à leur couleur de peau, à leur condition sociale, et qui fait d’eux des cibles plus fréquentes de contrôles policiers injustifiés.

Alors, quand j’ai eu l’occasion de lire le roman « The Hate U Give » d’Angie Thomas, qui aborde ce thème sensible, je n’ai pas hésité une seule seconde. Un grand merci d’ailleurs à Léna du blog @baobablitteraire qui a eu l’excellente idée de faire gagner ce roman lors d’un concours en février dernier et j’ai eu la chance et l’immense honneur d’en être l’heureuse gagnante.

« The Hate U Give » raconte l’histoire de Starr, une adolescente noire de 16 ans, qui habite le quartier défavorisé de Garden Heights, un quartier de noirs, où guerres entre gangs ennemis, drogue et violence, sirènes de police et coups de feu font partie du quotidien.

Pour lui permettre d’avoir un avenir en dehors du ghetto, ses parents l’inscrivent au lycée Williamson, situé dans un quartier chic, et majoritairement fréquenté par des blancs.

Un soir, alors qu’elle rentre d’une soirée avec Khalil, son ami d’enfance noir, ils subissent un contrôle de police qui tourne mal : Khalil est assassiné devant Starr par un policier blanc qui lui tire trois balles dans le dos.

Cette tragédie bouleverse à tout jamais la vie de Starr, qui de prime abord hésite entre « ouvrir la voix » pour raconter sa version des faits et rendre justice à son ami, et fermer sa gueule pour ne pas mettre en péril l’équilibre de sa vie et l’image lisse de la jeune femme noire qu’elle entretient dans son lycée.

Mais très rapidement, lorsqu’elle apprend que le policier qui a tué Khalil ne sera pas inculpé et que l’affaire risque d’être enterrée, la révolte prend le dessus sur la peur et Starr, avec le soutien de sa famille, de ses proches et de toute la communauté noire de Garden Heights, décide de parler pour que justice soit faite. Et ce, malgré tous les risques que cela comporte pour elle et sa famille. S’en suivent alors un cheminement et une lutte intérieure qui lui permettront de s’assumer et s’affirmer pleinement, en tant que femme noire, et de réaliser que sa voix compte.

Dès les premières lignes du livre, j’ai aimé le style fluide et sans chichis d’Angie Thomas, qui, à travers Starr, la narratrice, nous plonge dans l’univers et le vocabulaire (parfois familier et auquel il faut s’adapter) de cette adolescente, avec une bonne dose d’humour et son quotidien atypique, tiraillé entre la vie dans son ghetto et celle avec ses amis du lycée Williamson.

J’ai également beaucoup aimé la relation forte, presque fusionnelle entre Starr et ses parents, même si ces derniers ont leur caractère bien trempé et ne manquent pas d’autorité pour gérer leur petite famille. Mais, sous leurs airs durs, ils débordent d’amour et de tendresse pour leurs enfants et sont prêts à tout pour les protéger et les rendre heureux.

Un des passages qui m’a bouleversée dans ce livre, c’est le moment ou Starr se rappelle comment, alors qu’elle avait douze ans, son père lui a appris à se comporter lors d’un contrôle de police, pour lui éviter d’être tuée : « Tu fais tout ce qu’ils te disent de faire. Garde tes mains en évidence. Ne fais pas de mouvement brusque. Ne parle que si on te pose une question. »

Le roman aborde également, avec beaucoup d’habileté, le sujet du racisme ordinaire et institutionnel aux Etats-Unis, ainsi que celui des préjugés et stéréotypes raciaux présents tant au sein de la communauté noire que blanche.

Pour ce qui est du titre du roman, dès le premier chapitre, on comprend qu’il est tiré du nom du groupe « Thug Life » créé par Tupac, célèbre rappeur afro-américain des années 90 : T.HU.G. L.I.F.E => The Hate U Give Litte Infants Fucks Everybody, (La haine qu’on donne aux bébés fout tout le monde en l’air ; en d’autres termes, ce que la société nous fait subir quand on est gamins lui pète ensuite à la gueule).

Pour finir, j’ai vraiment adoré ce roman poignant et bouleversant que je recommande vivement.

Et vous, l’avez-vous lu ? Si c’est le cas, n’hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé !

Très bonnes lectures à tous et à bientôt !


Citations

Page 185
Maman jette un regard vers moi et fronce les sourcils.
-          Ça va, Miam ?
J’attrape la poignée de la portière. Ils peuvent dégainer en une seconde et nous abattre comme Khalil. Le corps qui se vide de son sang sur le bitume devant tout le monde. La bouche béante. Les yeux vers le ciel, qui cherchent Dieu.
-          Eh, fait maman en me pinçant la joue. Eh, regarde-moi.
J’essaie, mais j’ai les yeux plein de larmes. J’en ai tellement marre d’être faible comme ça, putain ! Khalil a peut-être perdu la vie, mais moi aussi j’ai perdu quelque chose et ça me fout en rogne.
-          Tout va bien, dit maman. On va gérer ça d’accord ? Ferme les yeux s’il le faut.
C’est ce que je fais.
Garde tes mains en évidence.
Ne fais pas de mouvement brusque.
Ne parle que si on te pose une question.
Les secondes s’écoulent comme des heures L’agent demande ses papiers à maman et l’assurance de la voiture, pendant que moi, je supplie Jésus Noir de nous ramener saines et sauves chez nous, en espérant ne pas entendre un coup de feu pendant qu’elle fouille dans son sac.
On finit par repartir.
-          Tu vois, mon bébé, dit-elle. Tout va bien.
Avant, ce qu’elle disait faisait de l’effet. Si elle assurait que tout allait bien, c’était que tout allait bien. Mais quand on a tenu dans ses bras deux personnes en train de rendre leur dernier souffle, ce genre de phrases ne veut plus rien dire.

Page 251
Grandma nous accueille sur lel pas de la porte. La connaissant, elle devait être à sa fenêtre depuis qu’on est arrivés. Elle tire sur sa cigarette, l’autre bras replié contre elle. Elle souffle la fumée vers le plafond tout en dévisageant DeVante.
-          Et qui est-ce ? dit-elle.
-          DeVante, répond Oncle Carlos. Il va habiter avec nous.
-          Comment ça il va habiter avec nous ?
-          Comme je viens de le dire. Il a des petits soucis à Garden Heights et il faut qu’il reste ici.
Quand elle se met à ricaner avec mépris, je comprends d’où maman tient ça.
-          Des petits soucis, hein ? Dis-moi la vérité, mon garçon. (Elle baisse a voix, l’œil suspicieux). Tu as tué quelqu’un ?
-          Maman ! fait ma maman.
-          Quoi ? Je préfère demander avant de me réveiller morte parce qu’on m’a forcée à coucher dans la même maison qu’un meurtrier !
Non, mais dans déc…
-          On peut pas se réveiller morte, je dis.
-          Ma fille, tu vois très bien ce que je veux dire !
Elle s’éloigne de la porte.
-          Je me réveillerai devant Jésus en me demandant ce qui s’est passé !
-          Genre vous irez au paradis, marmonne Papa.

Page 279
Je ne peux pas croire qu’Hailey ait dit ça. Est-ce qu’elle a toujours fait ce genre de blagues ? Est-ce que j’ai toujours ri parce que j’avais l’impression que c’était ce qu’on attendait de moi ?
C’est ça le souci. On laisse les gens dire des trucs, et ils en abusent au point qu’ils ne voient plus le problème. Et que ça devient norma pour nous. A quoi ça sert d’avoir une voix si c’est pour se taire quand il faudrait parler ?
-          Maya ? je dis.
-          Quoi ?
-          On ne peut plus lui laisser dire des trucs comme ça, d’accord ?
Elle sourit.
-          Alliance des minorités ?
-          Putain, ouais ! je dis.
-          Marché conclu !
Et on se met à glousser.


Page 427
Personne ne parle dans la voiture qui nous emmène chez la grand-mère de Seven.
J’ai dit la vérité. J’ai fait tout ce que j’étais censée faire, et ça n’a pas suffi, putain. La mort de Khalil n’était pas assez horrible pour être considérée comme un crime.
Mais merde, et sa vie alors ? Avant, il marchait, il parlait, il était vivant. Il avait une famille. Des copains. Des rêves. Rien de tout ça n’a compté, putain. C’était juste un voyou qui méritait de mourir.

Autour de nous, ça klaxonne. Les conducteurs crient la décision au reste du quartier. Des jeunes d’à peu près mon âge juchés sur le toit d’une voiture, hurlent : « Justice pour Khalil ! ».



jeudi 23 mai 2019

L’horizon à l’envers, Marc Levy







Bonjour les bouquins-lecteurs !

Si vous me suivez depuis un moment, vous avez dû vous rendre compte que j’aime beaucoup les romans de Marc Levy. Eh oui, j’aime beaucoup sa plume qui me permet de passer d’agréables moments de lecture riches en belles leçons de vie.

Alors, pour ce nouveau partage littéraire, je vous invite à découvrir son roman paru en 2016, qui s’intitule « L’horizon à l’envers » et dont le thème principal devrait en intéresser plus d’un : est-il possible de défier la mort grâce aux progrès de la science ?

Le roman nous plonge dans une belle histoire d’amour et d’amitié, à travers les vies de Hope, Josh et Luke, trois amis inséparables et brillants étudiants en neurosciences.

Hope et Josh vivent une histoire d’amour passionnée lorsqu’ils découvrent que Hope est atteinte d’une tumeur au cerveau et qu’il ne lui reste plus que quelques mois à vivre. Josh et Luke qui, en parallèle de leurs études, travaillent secrètement pour un centre de recherches en neurosciences, décident alors de donner un gros coup d’accélérateur à leurs recherches pour trouver une solution permettant de sauver Hope de la mort.

Leur idée ? Réussir à faire une carte informatique de l’ensemble des connexions du cerveau de Hope de façon à pouvoir sauvegarder sa conscience, son intelligence, même après sa mort. En d’autres termes : jouer aux apprentis sorciers pour garder Hope en vie.

Réussiront-ils à repousser les limites de la science et à atteindre leur but ? Et qu’adviendra-t-il de la belle histoire d’amour entre Hope et Josh ?

Je ne peux pas vous en dire plus sans dévoiler la fin du roman mais je ne peux que recommander ce livre magnifique qui m’a tenu en haleine des premières pages jusqu’à la fin.

Si je ne devais retenir qu’un seul mot de ce roman, ce serait « Hope » (espoir en anglais) car l’un des messages véhicules par le roman est qu’il faut toujours garder espoir, même lorsque tout semble perdu.

Si vous l’avez lu, n’hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé ! Très bonnes lectures à tous et à bientôt !


jeudi 17 janvier 2019

Le jour où j'ai appris à vivre, Laurent Gounelle






Bonjour à tous,

Tout d’abord, très bonne année 2019 à vous et vos proches !

Pour ma première chronique de l’année 2019, je partage avec vous un livre qui appelle à une véritable introspection afin de recentrer sa vie sur ce qui compte vraiment !

Nous naissons, nous grandissons, nous faisons des études… Nous entrons dans la vie active. Certains fondent une famille. Nos vies prennent un rythme de plus en plus rapide, à peine le temps de souffler, de dire ouf, qu’une journée s’est écoulée et qu’une autre démarre ; qu’une année se termine et qu’une autre commence.

Vous est-il déjà arrivé de marquer une pause dans le rythme effréné de votre vie, pour faire une introspection et vous poser les bonnes questions ? Des questions comme : à quoi rime ma vie ? Suis-je vraiment heureux ? Que pourrais-je faire de différent pour pleinement m’épanouir ?

Le livre dont je souhaite vous parler est le célèbre roman de Laurent Gounelle qui s’intitule « Le jour où j’ai appris à vivre » et qui raconte l’histoire de Jonathan, la trentaine, divorcé, un enfant, qui est englué dans une vie insatisfaisante et qui, par un bel après-midi d’automne, tombe sur une bohémienne qui lui prédit son avenir : il va mourir avant la fin de l’année !

Sauf que la bohémienne disparaît sans donner plus de détails à Jonathan. Dès lors, et ne sachant pas à quelle date son décès est censé survenir, Jonathan opère peu à peu des changements dans sa vie afin d’en profiter pleinement et se sentir en phase avec ses valeurs. 

Pendant plusieurs semaines, il délaisse sa vie trépidante de commercial à San Francisco pour se ressourcer dans la petite ville de Monterey, auprès de sa tante Margie qui se révèle au fil des pages philosophe, véritable encyclopédie vivante mais aussi coach en développement personnel, dotée d’un optimisme à toute épreuve.

Je ne vous en dis pas plus et vous invite à découvrir cet ouvrage qui vaut vraiment le détour ! J’ai personnellement passé un agréable moment de lecture.

Si vous l’avez lu, n’hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé ! Très bonne lecture à tous et à bientôt !

Citations
Page 48-49
Jonathan était las. Il se sentait comme un oiseau aux ailes criblées de plomb en plein vol. Malgré tout, il continua de se raccrocher à sa vie coutumière, même s’il devenait de plus en plus difficile pour lui d’afficher le sourire exigé par sa fonction et ses rôles d’homme, de père, ou de voisin. […] La lutte quotidienne reprit ; la vie avait juste perdu la saveur qu’elle avait pu revêtir, saveur qu’il n’avait jamais songé à apprécier auparavant, mais que la perte anoblissait a posteriori. On ne réalise la valeur de la vie que lorsqu’elle est menacée.

Page 49-50
Un matin, au moment de se lever pour se rendre au travail, il réalisa qu’il ne pouvait plus continuer comme ça. Le cœur n’y était plus, il ne trouvait plus les ressorts de sa motivation. Plus la force de se lever.
Le désarroi dans lequel il était plongé l’amenait même à remettre en cause son existence d’avant. Quel sens cela avait-il de vivre ainsi ? Où cela le menait-il ? Travailler sans cesse, se débattre dans les difficultés, en attendant le week-end pour assouvir dans les magasins les quelques désirs que la société avait réussi à faire émerger en lui, et ressentir alors une infime satisfaction qui ne durait pas. Puis travailler encore pour pouvoir recommencer le week-end suivant. La vie n’était-elle qu’une alternance d’acharnement et de plaisirs futiles et éphémères ?
[…) Jonathan avait besoin de faire une pause, d’interrompre cet enchaînement infernal, et de prendre du recul. De décider de ce qu’il voulait faire du reste de sa vie. Si jamais il devait mourir avant la fin de l’année, que serait-il satisfait d’avoir vécu pendant ses derniers mois ?