lundi 10 octobre 2016

Confessions d’une sardine sans tête, Guy Alexandre Sounda





Bonjour à tous ! Ce mois-ci, je partage avec vous mon avis sur le livre "Confessions d'une Sardine-sans-tête" de Guy Alexandre Sounda, un écrivain Congolais, que m’a fait découvrir Laréus Gangoeus du blog Chez Gangoueus (http://gangoueus.blogspot.fr/).

Je ne connaissais pas cet auteur et je dois dire que j'ai été agréablement surprise par l'ouvrage qui est une sorte de monologue entre le personnage principal, Fabius Mortimer Bartoza qui n’a plus toute sa tête, et sa poupée russe.

Tout d'abord, la beauté du texte ne m’a pas laissée indifférente. Le mot de l'éditeur résume d'ailleurs parfaitement l'œuvre, en mettant l'accent sur la richesse du vocabulaire utilisé et la fantaisie omniprésente tant dans l'histoire que dans le choix des mots. L’auteur use et abuse de métaphores pour le plus grand bonheur du lecteur, et ce bel exercice de style sublime et honore la langue française. 

L’usage d’expressions atypiques comme « boulevarder sur les Champs-Élysées », ou encore « je donne mes lèvres à couper » rendent également la lecture plaisante. L’audace de l’auteur se retrouve également dans le nom des villes (Issy-les-Blaireaux, Massy-les-Oiseaux, Garces-les-Gonzesses, Poissy-les-Barjos) et dans certains néologismes (« un mec bradpittant », « Al-Caponisme », « kamikazonie).

Ensuite, le livre m'a également séduite parce que l'auteur réussit avec brio à nous embarquer dans l'univers complètement fou, dérangé de Fabius Mortimer Bartoza, qui est englué malgré lui dans un cycle sans fin dont il est à la fois victime et coupable.

Fabius Mortimer Bartoza, trente ans, originaire du Gombo (pays imaginaire décrit comme étant situé entre le Gabon et l’Angola et qui ressemble fortement au Congo-Brazzaville), vit à Paris, où il est sans papiers et est tourmenté par son passé de milicien au cours de la guerre civile du Gombo, ce qui l’empêche de mener une vie normale et stable.

Le passé de milicien de Fabius est d’ailleurs un des points angulaires du livre puisque de ce passé sont issus sa folie, sa paranoïa, les 76 cadavres qui le hantent à longueur de journée, mais également son addiction à l’alcool, qui l’aide à noyer son traumatisme mais n’arrange en rien son état psychique fragile.

Quelques jours avant ses trente ans, Fabius fortement alcoolisé, trouve refuge dans un parc, bien décidé à y attendre le jour de ses trente ans, comme le lui a conseillé Demina Dilayo, un vieil homme imaginaire tapi au fond de sa bouteille de rhum. Persuadé d’être poursuivi par la malchance (la guigne comme il l’appelle lui-même) depuis sa naissance, à cause d’un bouton noir sur son front, il trouve là le seul moyen de s’en défaire et au passage se débarrasser des 76 cadavres installés dans sa tête. Une poupée russe, ramassée dans le parc, devient sa confidente de circonstance, puisque c’est à elle qu’il s’adresse lorsqu’il fait une rétrospective sur sa vie. Au fil des pages et de la narration, on commence à entrevoir l’origine de la folie de Fabius, qui est bien plus profonde encore que le traumatisme lié à la guerre Gomboloise.

Guy Alexandre Sounda dépeint avec ironie mais tellement de justesse les dictatures africaines (hold-up du pouvoir et des emplois par les proches du président, absurdité des meurtres perpétrés), et égratigne au passage les hommes politiques.

Il nous perd également entre l'imaginaire et la réalité, à travers les délires et hallucinations de Fabius et en cela, le récit est étourdissant. C’est d’ailleurs l’une des forces de l’ouvrage car il est souvent difficile de distinguer la réalité de la fiction, tellement les deux mondes sont imbriqués. Les péripéties de Fabius font écho aux mystères et pratiques mystiques de l'Afrique noire (sorciers qui se cachent dans les bouteilles d'alcool pour tuer, cohabitation entre les vivants et les revenants...).

Vous l’aurez compris, j’ai réellement apprécié cet ouvrage plein d’audace et magnifiquement rédigé, qui illustre avec précision la dépossession de soi, même si j’avais le sentiment d’être dans la tête d’un fou, parfaitement interprété par Fabius, et que certaines descriptions des effets de sa folie m’ont un peu dérangée. Petit bémol également pour la fin du livre, car j’aurais voulu plus de détails sur la vie de Fabius entre ses 30 ans et le début de la narration, soit 30 ans plus tard.


***

Citations

Page 98
Tout ça ne serait jamais arrivé si nous avions possédé un poteau dans la famille : un homme important qui connaît des gens importants qui à leur tour connaissent des hommes importants dans le milieu du Parti ou du gouvernement. Les choses marchaient ainsi au pays : pas poteau point de boulot et bonjour les bobos.

Page 131
Elle me trouvait certes mignon et prévenant, mais pas solide pour un sou, et cela effrayait ses parents. Ça signifie quoi être solide ? C’est te lever tous les matins à cinq heures, prendre ton métro ou ta voiture, pousser la porte de ton usine ou de ton bureau, attendre que les semaines passent en serrant les fesses, toucher ton salaire, payer ton loyer et tes impôts, sortir ta carte de crédit au moment qu’il faut, emmener ta femmes en vacances à la mer et revenir avec la peau bronzée et la langue salée, râler quant à la télé on ne parle que des gens qui meurent de faim ou d’aigreur, être heureux même quand tu ne l’es pas ! En effet, dit comme ça, je n’étais pas solide.


Page 215
Euh, bonjour Majesté ! Je viens d’un pays qui pue la fin des nouilles, un petit pays tiraillé entre le fromage et le foufou, entre la rumba et le jazz, entre la bible et les fétiches, entre le gazon et la paille, un tout petit pays de cinquante-cinq mille kilomètres cruellement carrés où les hommes vivent de bières et les femmes de prières, où les gosses rêvent de révolutions et de révoltes à la belle étoile en s’entraînant avec des fusils en carton dans les arrière-cours infestées de moustiques !

mardi 13 septembre 2016

L’instant présent, Guillaume Musso


 

Ayant lu le premier chapitre sur le site officiel de Musso, fin d’année 2015, j’avais hâte de lire « L’instant présent ». Et ce pour une raison : l’intrigue, promesse de mystères et de surnaturel, me passionnait et avait piqué ma curiosité. Il me fallait connaître le fin mot de l’histoire !

Dans « L’instant présent », Musso raconte l’histoire d’Arthur Costello, un jeune médecin urgentiste qui se voit offrir un cadeau empoisonné par son père : le phare des 24-vents (24 winds Lighthouse). Une malédiction semble planer sur les lieux, et est à l’origine de la disparition subite du grand-père d’Arthur, trente ans plus tôt. Lorsque son père le met en garde de ne surtout pas ouvrir une porte située dans le sous-sol du phare, Arthur ne peut s’empêcher de faire le contraire. Le voilà alors happé par les méandres du temps, condamné à vivre seulement un jour par an pendant 24 ans. Parviendra-t-il à se défaire de cette malédiction ? L’histoire d’amour naissante entre lui et Lisa, une jeune comédienne New-Yorkaise, a-t-elle un avenir ?

Dès la fin du premier chapitre, une fois que le décor est planté et que la malédiction est déclenchée, il est presqu’impossible de lâcher le livre. L’obsession de savoir comment Arthur va se sortir du pétrin dans lequel il s’est fourré ne nous quitte plus. Pourtant, au fil des chapitres, je commence à douter. Je sens que les réponses à mes questions ne seront pas celles à laquelle je m attend. Musso se jouerait-il de moi, encore une fois, comme dans « Central Park », où le bouquet final remet en cause une bonne partie de l’intrigue ? J’ai eu raison de me méfier car il s’agit bien de cela.

Pour « Central Park », j’ai été surprise par la fin du livre mais ça n’a pas gâché le plaisir que j’ai eu à le lire. Je n’en dirai pas autant de « L’instant présent ». Le sentiment qui me reste, après avoir refermé le livre et même plusieurs jours après, est la déception. Oui, je suis énormément déçue que Musso ne soit pas allé au bout de sa fiction surnaturelle, privilégiant un retour à la réalité aussi brut que soudain.
Le livre est néanmoins agréable à lire (des personnages attachants, une intrigue mystérieuse, des péripéties qui tiennent en haleine et attisent la curiosité) malgré quelques longueurs dans la description de certains lieux ou certaines situations. Mais je reste déçue car je n'y ai pas trouvé ce que je recherchais : la promesse de me perdre dans une fiction salvatrice où l'impossible devient possible.


lundi 13 juin 2016

L’autre moitié du soleil, Chimamanda Ngozi Adichie




J’ai refermé ce livre avec regret, malgré ses 658 pages. Que d’émotion, que d’authenticité dans la narration et le vécu des personnages ! Et le style de Chimamanda Ngozi Adichie me séduit à nouveau, encore plus que dans « L’hibiscus pourpre », son 1er roman.

« L’autre moitié du soleil », son 2e roman, raconte l’histoire d’amour entre Olanna, belle et riche jeune femme, et Odenigbo, intellectuel idéaliste et fougueux.

Le livre démarre au début des années soixante, dans un Lagos où règne un climat d’insouciance et de liberté. Olanna et Kainene, deux jumelles qui se ressemblent très peu (Olanna est décrite comme très belle, chaleureuse et avenante, tandis que Kainene est à peine jolie, hautaine et sarcastique) mènent une vie mondaine et faste auprès de leurs parents.

Bientôt, Olanna s’éprend d’Odenigbo et va le rejoindre à Nsukka, où elle travaillera comme lui à l’université. Quant à Kainene, elle rencontre Richard, un journaliste britannique passionné par la culture nigériane.

A Nsukka, la vie s’écoule paisible pour Olanna et Odenigbo, qui reçoivent régulièrement des amis à dîner. Leurs conversations animées et enflammées autour de la politique gouvernementale et de l'emprise britannique sur le Nigéria, n’échappe pas au regard perplexe, bienveillant ou parfois désapprobateur d’Ugwu, adolescent venu de la campagne pour devenir le domestique d’Odenigbo.

Puis, l'insouciance laisse place à l'incrédulité, la peur, la douleur, le désarroi, face au massacre insupportable des Ibos, auquel on assiste scandalisé à l'aube de la création de l'état du Biafra. Massacre que vivront de très près Olanna et Richard.

Pour Olanna, Odenigbo et leurs amis de Nsukka, l’avènement du Biafra était synonyme d'espoir, d'une vie nouvelle. Ils désiraient vivre dans un Biafra libre et indépendant du Nigéria, et ne croyaient pas que la guerre éclaterait. Mais la réalité ne tarde pas à les rattraper, les obligeant à quitter leur maison, leur confort, pour un exil loin de chez eux, dans des conditions de plus en plus difficiles et extrêmement modestes.

S’en suit une vie démunie, où les denrées les plus basiques comme le sel, le sucre ou le lait, deviennent rares. A cela, s’ajoute l’angoisse quotidienne de subir des raids aériens ou d’être découverts par les soldats nigérians. Dans ce contexte de guerre, l'angoisse et la paranoïa d’Olanna contrastent avec l’impassibilité et l’optimisme à toutes épreuves d’Odenigbo, alors que partout autour d’eux, la mort et la misère deviennent peu à peu la norme.

Chapeau bas à l’auteure, qui a fait un travail de recherches et d’investigation incroyable pour raconter autant de situations vécues pendant la guerre du Biafra.

Par ailleurs, elle entretient savamment le suspense puisqu’elle saute un pan entier de l'histoire pour n'y revenir que plus tard après avoir attisé la curiosité du lecteur par des sous-entendus.

Malgré quelques longueurs, ce roman riche en émotions est définitivement l’un des meilleurs que j’ai lus. Le livre déverse la culture nigériane à flots d'une façon si authentique et fait découvrir ce qu'a été le Biafra (même si j'y avais été sensibilisée à travers le livre d'une autre auteure nigériane, Sefi Atta, « Le meilleur reste à venir » où la guerre est vaguement évoquée).

« L’autre moitié du soleil » est donc un excellent livre qui positionne définitivement Chimamanda Ngozi Adichie comme un écrivain talentueux et incontournable de la scène littéraire africaine. J’ai d’autant plus hâte de lire ses deux autres œuvres : « Autour de ton cou » et « Americanah ».

mardi 17 mai 2016

Central Park, Guillaume Musso



A New York, Alice, flic de la brigade criminelle parisienne, se réveille au petit matin sur un banc du célèbre Central Park, menottée à Gabriel, un américain. Que fait-elle là ? Comment a-t-elle pu se retrouver à New York, alors que la veille au soir, elle était encore à Paris ? Qui est cet homme ? Pourquoi sont-ils menottés l’un à l’autre ? Pourquoi leurs affaires personnelles ont-elles disparu et d’où vient ce sang qui tache le chemisier d’Alice ?
Autant de questions qui demeurent sans réponse car impossible pour Alice et Gabriel de se souvenir de ce qui leur est arrivé. Mais très vite, l’instinct de flic d’Alice reprend le dessus sur sa stupeur. Elle embarque Gabriel dans une enquête riche en suspense et au fil de laquelle, elle réalise peu à peu qu’il n’est pas celui qu’il veut lui faire croire.

Dès les premières pages de Central Park, Musso distille savamment les ingrédients d’une intrigue policière qui pique l’intérêt du lecteur : mystère, amnésie, enquête sur un serial killer, drames personnels des personnages principaux, fausses pistes, peurs, doutes, paranoïa… Le tout, avec un zeste de romance. Le livre se dévore très vite, car happé par le suspense et animé par l’envie de comprendre, on ne le lâche pas avant d’avoir le fin mot de l’histoire !
Ce thriller psychologique m’a rappelé Shutter Island (avec Leonardo Dicaprio) et le dénouement de l’histoire, bien qu’imprévisible jusqu’à la quatrième partie du livre, n’est pas totalement surprenant.

Encore un très bon Musso, que je recommande bien évidemment.
J’ai une immense hâte de lire L’instant présent, qui figure tout en haut de ma reading list J.


lundi 25 avril 2016

Ma reading list du moment


Bonjour à tous ! Je partage avec vous ci-dessous, ma reading list actuelle :
L’autre moitié du soleil, Chimamanda Ngozi Adichie
L’instant présent, Guillaume Musso
La légende de l’assassin, Kangni Alem
Un sentiment plus fort que la peur, Marc Levy
Les Thanatonautes, Max Werber
Un avion sans elle, Michel Bussi
Ne lâche pas ma main, Michel Bussi
Les nymphéas noirs, Michel Bussi

Ça fait un paquet de romans à lire, alors il faut que je trouve le temps de les dévorer et rendez-vous dans quelques semaines pour que je vous fasse part de mon avis sur tous ces ouvrages J
Et vous, qu’avez-vous sur votre reading list ? Quel livre avez-vous hâte de lire ?


lundi 18 avril 2016

L’hibiscus pourpre, Chimamanda Ngozi Adichie



Depuis la sortie de son dernier livre, Americanah, j’avais envie de découvrir Chimamanda Ngozi Adichie et j’ai eu le plaisir de recevoir quelques-uns de ses ouvrages en cadeau, dont « L’hibiscus pourpre ». Ce livre, qui raconte l’histoire de Kambili, une jeune adolescente Nigériane, m'a bouleversée.
Kambili, a quinze ans, et vit à Enugu, une ville du Nigéria, avec son grand-frère Jaja,  sa mère Béatrice, épouse soumise, et son père Eugène, fervent croyant et homme de principes, riche notable de sa communauté, propriétaire d’un journal à caractère politique qui dénonce les exactions du pouvoir politique en place, généreux donateur aux pauvres et à l'église et pourtant père tyrannique à l’égard de sa famille.
On pénètre, à travers les yeux de Kambili, dans cette famille chrétienne très croyante, où le père s’attache à inculquer à ses enfants des valeurs « pures », afin d’éloigner d’eux tout péché. Et gare à ceux qui ont le malheur de s’écarter de la ligne stricte et pieuse dessinée par lui, car Eugène n’hésite pas à punir, pour un oui ou non, dès lors qu’un de ses principes est enfreint ; et de manière violente, parfois même au détriment de l’intégrité physique de ses enfants ou de sa femme. C’est dans cette ambiance de rigueur et de terreur, que sont rythmées les journées de Kambili et Jaja.
Jusqu’au jour où ils vont séjourner à Nsukka, chez leur tante paternelle Ifeoma, qui a trois enfants (Obiora, Amaka et Chima) et les éduque dans une atmosphère radicalement opposée à celle de son frère. Cette vie à Nsukka, pleine d’éclats de rires, de chants, de franc-parler et de liberté va changer pour toujours la vie de Kambili et Jaja.
Kambili s’y découvre la capacité à sourire et à rire, car jusqu’à présent, elle n’avait ni l’occasion ni ne ressentait la légitimité de le faire. Sa timidité maladive, qui l’empêchait souvent de s’exprimer, va progressivement laisser place à une aisance et une affirmation de soi.
Le livre est écrit avec énormément de pudeur, de non-dits, de sentiments retenus mais qu'on imagine. Car parfois, les non-dits parlent plus fort que les mots. Ainsi, le livre bruisse et transpire de sentiments et d'émotions. On ne peut pas rester indifférent à l’enfance nigériane de Kambili, empreinte de nostalgie et d’amour, malgré la tyrannie de leur père qui les aimait à sa manière.
Je recommande évidemment ce beau livre, magnifiquement écrit, avec des métaphores savamment construites, et dont le titre vient des hibiscus pourpres cultivés par Tatie Ifeoma dans la concession de sa maison à Nsukka, et dont jaja ramènera des graines à Enugu pour les y planter.

lundi 15 février 2016

Merci pour ce moment, Valérie Trierweiler





Je n’ai d’abord pas voulu lire ce livre car je suis de ceux qui pensent que le linge sale se lave en famille. J’ai trouvé désolant que Valérie Trierweiler publie cet ouvrage qui attaque le président de la république, le met en cause et n’aurait pas manqué de lui desservir.

Puis, une amie me l’a vivement recommandé. « C’est vraiment très bien écrit. Commence à le lire, tu verras bien si tu préfères t’arrêter ».

Je me suis donc laissée tenter et je ne suis pas déçue, bien au contraire. « Merci pour ce moment » fait partie de ces livres qu’on n’oublie pas, longtemps après les avoir refermés. Critique certes à l’égard de François Hollande, je n’en retiens cependant que la douleur poignante d’une femme blessée dans son amour, sa dignité. 

Elle y raconte leur rencontre, alors qu’elle était journaliste politique et lui l’une des jeunes figures du parti socialiste ; leur amitié grandissante au fil des années, alors qu’elle se marie et aura trois enfants ; les soupçons infondés de Ségolène Royal alors qu’ils étaient simplement amis ; le début de leur histoire, par le baiser de Limoges en avril 2005, puis leur histoire d’amour à la fois heureuse et parfois difficile (tensions avec les enfants de François et aussi avec Ségolène, le changement de François pendant et après l’élection, l'impression d'être de trop, d’être illégitime à sa place de première dame, de gêner dans le destin et le quotidien du président) ; jusqu’en janvier 2014, date de leur rupture officielle, au moment de l’annonce de l’affaire Gayet, qui sera suivie par sa dépression et son séjour à l’hôpital. Tout ça sur fond d’anecdotes sur son quotidien et son rôle de « première-dame » de même que celui du président François Hollande.

J’ai aussi aimé ce livre parce que je suis une femme et que je me reconnais à travers ce qu'elle a vécu. Une femme éperdument amoureuse et blessée dans son amour propre et sa dignité. Si tout ce qui est dit est vrai, François aurait eu tellement de mépris d'indifférence sur son activité et ses engagements de première dame, n’aurait fait preuve d’aucune empathie face aux tourments que lui inflige la presse. 

J’ai lu beaucoup de critiques négatives, incendiaires sur ce livre. On y fait le procès de Valérie Trierweiler, on y dit que le livre est mal écrit. Pour ma part, je trouve qu’il est très bien écrit et j’y ai trouvé ce que j’y recherchais : je voulais comprendre ce qui pouvait motiver une femme à écrire ce type de livre, à publier ce qui est de l’ordre de l’intime ; et j’ai compris. Une réaction suite à un couteau planté en plein cœur, la trahison inattendue de l’être aimé. Une peine de cœur tout simplement, et en tant que femme, je peux aisément comprendre le geste.

Je ne peux donc que recommander ce livre, qui regorge de phrases choc. Je me permets de vous en livrer quelques-unes ci-dessous :

Il s’est présenté comme l’homme qui n’aime pas les riches. En réalité, le Président n’aime pas les pauvres. Lui, l’homme de gauche, dit en privé « les sans-dents », très fier de son trait d’humour. (P. 272)

En dehors de Laurent Fabius, il ne faut pas être expert pour comprendre que la plupart des nouveaux ministres n’ont pas le niveau. Je suis affligée de ce que j’entends. Je les observe en silence, en me demandant comment tel ou tel a pu être nommé. Equilibre de courant, équilibre de sexe, équilibre régional ou de parti. Peu sont là pour leur compétence. Cela crève les yeux de l’ancienne journaliste politique que je suis toujours au fond de moi. La presse critique leur amateurisme. Si j’étais toujours au service politique de Match, écrirais-je autre chose ? Mais je me tais. (P. 275)

Que lui dit-il à elle (à propos de Julie Gayet, ndlr) ? Que lui écrit-il ? Que lui disait-il de moi pendant leur liaison clandestine ? Qu’il ne m’aimait plus ? Que j’étais invivable ? Que notre relation était platonique ? En matière de lâcheté, les hommes infidèles se ressemblent tous et les hommes de pouvoir se confondent. (P. 361)

mercredi 13 janvier 2016

Une maison de rêve, Madeleine Wickham (alias Sophie Kinsella)






Ayant déjà lu et adoré trois livres de Sophie Kinsella, j’ai eu envie de découvrir d’autres ouvrages d’elle. Ne souhaitant pas m’attaquer tout de suite à la saga « Accro du shopping », j’ai opté pour « Une maison de rêve » qu’elle a écrit en 1999.

L’histoire se déroule à Silchester, une banlieue londonienne, et est en fait celle de plusieurs personnes. Liz Chambers et Jonathan Chambers, propriétaires d’une élégante maison située au 12, Russel Street et qui viennent de la mettre en vente après l’acquisition d’une école privée. Ce rêve qu’ils nourrissent depuis des années vient de devenir réalité et les comble de bonheur. 

Mais voilà, tout ne se passe pas comme prévu. Ils peinent à vendre la maison de Russel Street et se retrouvent avec deux prêts sur le dos. Pire, ils ont du mal à faire décoller leur nouvelle activité, leur nouvel appartement est petit et moins agréable à vivre, ils ne savent pas comment se sortir de cette situation désespérée et leur fille Alice, adolescente et rebelle, est malheureuse d’avoir quitté la maison de Russel Street. 

Bientôt, Liz fait la connaissance de Marcus Witherstone, un riche agent immobilier qui lui propose de faire louer sa maison en attendant de trouver des acquéreurs. En guise de locataires, il lui propose Ginny et Piers Prentice. Elle est l’attachée de presse de l’agence immobilière Whitertone’s et lui est acteur pour la télé, à la recherche de son prochain grand rôle. 

Liz tombe sous le charme de Marcus, dont la carrure, l’assurance et l’aisance financière contrastent avec la nonchalance, la banalité et la passivité de Jonathan, son mari. Ils entament bientôt une liaison, au nez et à la barbe de Jonathan et d’Anthea, la femme de Marcus. 

Les 100 premières pages du livre sont peu engageantes, du fait du style d’écriture de l’auteure, très différent des autres livres que j’ai lus d’elle. Trop de narration, d’explications et de longues phases pour tout expliquer par le menu ; la description exhaustive de lieux, de sentiments, d’états d'âme. Sophie Kinsella m’a (mal) habituée à un style emporté, rapide, trépidant qui ne laisse pas de place à de longs et ennuyeux développements. Aussi, le style d’« Une maison de rêve » m’a-t-il paru un brin scolaire. Par ailleurs, le fait de raconter l’histoire à la troisième personne rend la narration très impersonnelle et on a du mal à rentrer dans l'histoire et s'attacher aux personnages. 

Puis, l’histoire commence à devenir un peu plus intéressante quand les vies des personnages se pimentent un peu. La liaison de Liz et Marcus, l’amitié d’Alice avec Ginny, Piers, la peur de Marcus à l'idée que quelqu’un découvre sa liaison avec Liz, l’espoir que cette dernière nourrit de le voir quitter sa femme pour elle et de reconstruire sa vie avec lui. Le livre se termine sur un happy end avec le succès progressif de l’école privée de Liz et Jonathan et l’espoir de se sortir de l’endettement. 

Après une entrée en matière peu engageante, le roman finit par livrer quelques arguments convaincants qui donnent envie de savoir comment l’histoire se termine. Rien d’exceptionnel toutefois. Ce n’est qu’après l’avoir terminé que j’ai su qu’il s’agissait du tout premier roman de l’auteure. Ceci explique donc cela. Pas de coup de cœur donc et j’ai largement préféré les autres livres de Sophie Kinsella.