dimanche 9 juin 2019

The Hate U Give (La haine qu’on donne), Angie Thomas






Hello les bouquins-lecteurs !

Parfois, on aimerait que la vie s’écoule paisiblement, sans toutes ces histoires sordides qui font la une des journaux : meurtres, viols, enlèvements, attentats, émeutes, guerres, catastrophes climatiques… Mais force est de constater que la réalité est toute autre.

Depuis de trop nombreuses années, on ne compte plus les violences policières et les assassinats d’hommes noirs par des policiers blancs et qui défraient la chronique aux Etats-Unis. On regarde ces images aux infos ; on compatit ; on est en colère contre le système ; on tweete des #blacklivesmatter ; on déplore l’injustice qui fait suite à la plupart de ces meurtres dont les auteurs restent impunis…

Et puis, la vie continue et malgré nous, on oublie un peu. Jusqu’à ce qu’un autre meurtre ne fasse la une des journaux.

En tant que femme noire, je me sens particulièrement touchée par cette réalité horrible que vivent les afro américains, cette insécurité liée à leur couleur de peau, à leur condition sociale, et qui fait d’eux des cibles plus fréquentes de contrôles policiers injustifiés.

Alors, quand j’ai eu l’occasion de lire le roman « The Hate U Give » d’Angie Thomas, qui aborde ce thème sensible, je n’ai pas hésité une seule seconde. Un grand merci d’ailleurs à Léna du blog @baobablitteraire qui a eu l’excellente idée de faire gagner ce roman lors d’un concours en février dernier et j’ai eu la chance et l’immense honneur d’en être l’heureuse gagnante.

« The Hate U Give » raconte l’histoire de Starr, une adolescente noire de 16 ans, qui habite le quartier défavorisé de Garden Heights, un quartier de noirs, où guerres entre gangs ennemis, drogue et violence, sirènes de police et coups de feu font partie du quotidien.

Pour lui permettre d’avoir un avenir en dehors du ghetto, ses parents l’inscrivent au lycée Williamson, situé dans un quartier chic, et majoritairement fréquenté par des blancs.

Un soir, alors qu’elle rentre d’une soirée avec Khalil, son ami d’enfance noir, ils subissent un contrôle de police qui tourne mal : Khalil est assassiné devant Starr par un policier blanc qui lui tire trois balles dans le dos.

Cette tragédie bouleverse à tout jamais la vie de Starr, qui de prime abord hésite entre « ouvrir la voix » pour raconter sa version des faits et rendre justice à son ami, et fermer sa gueule pour ne pas mettre en péril l’équilibre de sa vie et l’image lisse de la jeune femme noire qu’elle entretient dans son lycée.

Mais très rapidement, lorsqu’elle apprend que le policier qui a tué Khalil ne sera pas inculpé et que l’affaire risque d’être enterrée, la révolte prend le dessus sur la peur et Starr, avec le soutien de sa famille, de ses proches et de toute la communauté noire de Garden Heights, décide de parler pour que justice soit faite. Et ce, malgré tous les risques que cela comporte pour elle et sa famille. S’en suivent alors un cheminement et une lutte intérieure qui lui permettront de s’assumer et s’affirmer pleinement, en tant que femme noire, et de réaliser que sa voix compte.

Dès les premières lignes du livre, j’ai aimé le style fluide et sans chichis d’Angie Thomas, qui, à travers Starr, la narratrice, nous plonge dans l’univers et le vocabulaire (parfois familier et auquel il faut s’adapter) de cette adolescente, avec une bonne dose d’humour et son quotidien atypique, tiraillé entre la vie dans son ghetto et celle avec ses amis du lycée Williamson.

J’ai également beaucoup aimé la relation forte, presque fusionnelle entre Starr et ses parents, même si ces derniers ont leur caractère bien trempé et ne manquent pas d’autorité pour gérer leur petite famille. Mais, sous leurs airs durs, ils débordent d’amour et de tendresse pour leurs enfants et sont prêts à tout pour les protéger et les rendre heureux.

Un des passages qui m’a bouleversée dans ce livre, c’est le moment ou Starr se rappelle comment, alors qu’elle avait douze ans, son père lui a appris à se comporter lors d’un contrôle de police, pour lui éviter d’être tuée : « Tu fais tout ce qu’ils te disent de faire. Garde tes mains en évidence. Ne fais pas de mouvement brusque. Ne parle que si on te pose une question. »

Le roman aborde également, avec beaucoup d’habileté, le sujet du racisme ordinaire et institutionnel aux Etats-Unis, ainsi que celui des préjugés et stéréotypes raciaux présents tant au sein de la communauté noire que blanche.

Pour ce qui est du titre du roman, dès le premier chapitre, on comprend qu’il est tiré du nom du groupe « Thug Life » créé par Tupac, célèbre rappeur afro-américain des années 90 : T.HU.G. L.I.F.E => The Hate U Give Litte Infants Fucks Everybody, (La haine qu’on donne aux bébés fout tout le monde en l’air ; en d’autres termes, ce que la société nous fait subir quand on est gamins lui pète ensuite à la gueule).

Pour finir, j’ai vraiment adoré ce roman poignant et bouleversant que je recommande vivement.

Et vous, l’avez-vous lu ? Si c’est le cas, n’hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé !

Très bonnes lectures à tous et à bientôt !


Citations

Page 185
Maman jette un regard vers moi et fronce les sourcils.
-          Ça va, Miam ?
J’attrape la poignée de la portière. Ils peuvent dégainer en une seconde et nous abattre comme Khalil. Le corps qui se vide de son sang sur le bitume devant tout le monde. La bouche béante. Les yeux vers le ciel, qui cherchent Dieu.
-          Eh, fait maman en me pinçant la joue. Eh, regarde-moi.
J’essaie, mais j’ai les yeux plein de larmes. J’en ai tellement marre d’être faible comme ça, putain ! Khalil a peut-être perdu la vie, mais moi aussi j’ai perdu quelque chose et ça me fout en rogne.
-          Tout va bien, dit maman. On va gérer ça d’accord ? Ferme les yeux s’il le faut.
C’est ce que je fais.
Garde tes mains en évidence.
Ne fais pas de mouvement brusque.
Ne parle que si on te pose une question.
Les secondes s’écoulent comme des heures L’agent demande ses papiers à maman et l’assurance de la voiture, pendant que moi, je supplie Jésus Noir de nous ramener saines et sauves chez nous, en espérant ne pas entendre un coup de feu pendant qu’elle fouille dans son sac.
On finit par repartir.
-          Tu vois, mon bébé, dit-elle. Tout va bien.
Avant, ce qu’elle disait faisait de l’effet. Si elle assurait que tout allait bien, c’était que tout allait bien. Mais quand on a tenu dans ses bras deux personnes en train de rendre leur dernier souffle, ce genre de phrases ne veut plus rien dire.

Page 251
Grandma nous accueille sur lel pas de la porte. La connaissant, elle devait être à sa fenêtre depuis qu’on est arrivés. Elle tire sur sa cigarette, l’autre bras replié contre elle. Elle souffle la fumée vers le plafond tout en dévisageant DeVante.
-          Et qui est-ce ? dit-elle.
-          DeVante, répond Oncle Carlos. Il va habiter avec nous.
-          Comment ça il va habiter avec nous ?
-          Comme je viens de le dire. Il a des petits soucis à Garden Heights et il faut qu’il reste ici.
Quand elle se met à ricaner avec mépris, je comprends d’où maman tient ça.
-          Des petits soucis, hein ? Dis-moi la vérité, mon garçon. (Elle baisse a voix, l’œil suspicieux). Tu as tué quelqu’un ?
-          Maman ! fait ma maman.
-          Quoi ? Je préfère demander avant de me réveiller morte parce qu’on m’a forcée à coucher dans la même maison qu’un meurtrier !
Non, mais dans déc…
-          On peut pas se réveiller morte, je dis.
-          Ma fille, tu vois très bien ce que je veux dire !
Elle s’éloigne de la porte.
-          Je me réveillerai devant Jésus en me demandant ce qui s’est passé !
-          Genre vous irez au paradis, marmonne Papa.

Page 279
Je ne peux pas croire qu’Hailey ait dit ça. Est-ce qu’elle a toujours fait ce genre de blagues ? Est-ce que j’ai toujours ri parce que j’avais l’impression que c’était ce qu’on attendait de moi ?
C’est ça le souci. On laisse les gens dire des trucs, et ils en abusent au point qu’ils ne voient plus le problème. Et que ça devient norma pour nous. A quoi ça sert d’avoir une voix si c’est pour se taire quand il faudrait parler ?
-          Maya ? je dis.
-          Quoi ?
-          On ne peut plus lui laisser dire des trucs comme ça, d’accord ?
Elle sourit.
-          Alliance des minorités ?
-          Putain, ouais ! je dis.
-          Marché conclu !
Et on se met à glousser.


Page 427
Personne ne parle dans la voiture qui nous emmène chez la grand-mère de Seven.
J’ai dit la vérité. J’ai fait tout ce que j’étais censée faire, et ça n’a pas suffi, putain. La mort de Khalil n’était pas assez horrible pour être considérée comme un crime.
Mais merde, et sa vie alors ? Avant, il marchait, il parlait, il était vivant. Il avait une famille. Des copains. Des rêves. Rien de tout ça n’a compté, putain. C’était juste un voyou qui méritait de mourir.

Autour de nous, ça klaxonne. Les conducteurs crient la décision au reste du quartier. Des jeunes d’à peu près mon âge juchés sur le toit d’une voiture, hurlent : « Justice pour Khalil ! ».



jeudi 23 mai 2019

L’horizon à l’envers, Marc Levy







Bonjour les bouquins-lecteurs !

Si vous me suivez depuis un moment, vous avez dû vous rendre compte que j’aime beaucoup les romans de Marc Levy. Eh oui, j’aime beaucoup sa plume qui me permet de passer d’agréables moments de lecture riches en belles leçons de vie.

Alors, pour ce nouveau partage littéraire, je vous invite à découvrir son roman paru en 2016, qui s’intitule « L’horizon à l’envers » et dont le thème principal devrait en intéresser plus d’un : est-il possible de défier la mort grâce aux progrès de la science ?

Le roman nous plonge dans une belle histoire d’amour et d’amitié, à travers les vies de Hope, Josh et Luke, trois amis inséparables et brillants étudiants en neurosciences.

Hope et Josh vivent une histoire d’amour passionnée lorsqu’ils découvrent que Hope est atteinte d’une tumeur au cerveau et qu’il ne lui reste plus que quelques mois à vivre. Josh et Luke qui, en parallèle de leurs études, travaillent secrètement pour un centre de recherches en neurosciences, décident alors de donner un gros coup d’accélérateur à leurs recherches pour trouver une solution permettant de sauver Hope de la mort.

Leur idée ? Réussir à faire une carte informatique de l’ensemble des connexions du cerveau de Hope de façon à pouvoir sauvegarder sa conscience, son intelligence, même après sa mort. En d’autres termes : jouer aux apprentis sorciers pour garder Hope en vie.

Réussiront-ils à repousser les limites de la science et à atteindre leur but ? Et qu’adviendra-t-il de la belle histoire d’amour entre Hope et Josh ?

Je ne peux pas vous en dire plus sans dévoiler la fin du roman mais je ne peux que recommander ce livre magnifique qui m’a tenu en haleine des premières pages jusqu’à la fin.

Si je ne devais retenir qu’un seul mot de ce roman, ce serait « Hope » (espoir en anglais) car l’un des messages véhicules par le roman est qu’il faut toujours garder espoir, même lorsque tout semble perdu.

Si vous l’avez lu, n’hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé ! Très bonnes lectures à tous et à bientôt !


jeudi 17 janvier 2019

Le jour où j'ai appris à vivre, Laurent Gounelle






Bonjour à tous,

Tout d’abord, très bonne année 2019 à vous et vos proches !

Pour ma première chronique de l’année 2019, je partage avec vous un livre qui appelle à une véritable introspection afin de recentrer sa vie sur ce qui compte vraiment !

Nous naissons, nous grandissons, nous faisons des études… Nous entrons dans la vie active. Certains fondent une famille. Nos vies prennent un rythme de plus en plus rapide, à peine le temps de souffler, de dire ouf, qu’une journée s’est écoulée et qu’une autre démarre ; qu’une année se termine et qu’une autre commence.

Vous est-il déjà arrivé de marquer une pause dans le rythme effréné de votre vie, pour faire une introspection et vous poser les bonnes questions ? Des questions comme : à quoi rime ma vie ? Suis-je vraiment heureux ? Que pourrais-je faire de différent pour pleinement m’épanouir ?

Le livre dont je souhaite vous parler est le célèbre roman de Laurent Gounelle qui s’intitule « Le jour où j’ai appris à vivre » et qui raconte l’histoire de Jonathan, la trentaine, divorcé, un enfant, qui est englué dans une vie insatisfaisante et qui, par un bel après-midi d’automne, tombe sur une bohémienne qui lui prédit son avenir : il va mourir avant la fin de l’année !

Sauf que la bohémienne disparaît sans donner plus de détails à Jonathan. Dès lors, et ne sachant pas à quelle date son décès est censé survenir, Jonathan opère peu à peu des changements dans sa vie afin d’en profiter pleinement et se sentir en phase avec ses valeurs. 

Pendant plusieurs semaines, il délaisse sa vie trépidante de commercial à San Francisco pour se ressourcer dans la petite ville de Monterey, auprès de sa tante Margie qui se révèle au fil des pages philosophe, véritable encyclopédie vivante mais aussi coach en développement personnel, dotée d’un optimisme à toute épreuve.

Je ne vous en dis pas plus et vous invite à découvrir cet ouvrage qui vaut vraiment le détour ! J’ai personnellement passé un agréable moment de lecture.

Si vous l’avez lu, n’hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé ! Très bonne lecture à tous et à bientôt !

Citations
Page 48-49
Jonathan était las. Il se sentait comme un oiseau aux ailes criblées de plomb en plein vol. Malgré tout, il continua de se raccrocher à sa vie coutumière, même s’il devenait de plus en plus difficile pour lui d’afficher le sourire exigé par sa fonction et ses rôles d’homme, de père, ou de voisin. […] La lutte quotidienne reprit ; la vie avait juste perdu la saveur qu’elle avait pu revêtir, saveur qu’il n’avait jamais songé à apprécier auparavant, mais que la perte anoblissait a posteriori. On ne réalise la valeur de la vie que lorsqu’elle est menacée.

Page 49-50
Un matin, au moment de se lever pour se rendre au travail, il réalisa qu’il ne pouvait plus continuer comme ça. Le cœur n’y était plus, il ne trouvait plus les ressorts de sa motivation. Plus la force de se lever.
Le désarroi dans lequel il était plongé l’amenait même à remettre en cause son existence d’avant. Quel sens cela avait-il de vivre ainsi ? Où cela le menait-il ? Travailler sans cesse, se débattre dans les difficultés, en attendant le week-end pour assouvir dans les magasins les quelques désirs que la société avait réussi à faire émerger en lui, et ressentir alors une infime satisfaction qui ne durait pas. Puis travailler encore pour pouvoir recommencer le week-end suivant. La vie n’était-elle qu’une alternance d’acharnement et de plaisirs futiles et éphémères ?
[…) Jonathan avait besoin de faire une pause, d’interrompre cet enchaînement infernal, et de prendre du recul. De décider de ce qu’il voulait faire du reste de sa vie. Si jamais il devait mourir avant la fin de l’année, que serait-il satisfait d’avoir vécu pendant ses derniers mois ?




lundi 19 novembre 2018

Mémoires de porc-épic, Alain Mabanckou





Bonjour à tous,

Aujourd’hui, je partage avec vous mon avis sur « Mémoires d’un porc-épic » du célèbre écrivain Congolais Alain Mabanckou, qui a reçu le prix Renaudot en 2006 pour ce roman.

J’ai entendu parlé de cet auteur lors de la sortie de son livre « Petit piment » en 2015 et j’ai eu envie de découvrir sa plume à travers ce roman en particulier, qui m’a intriguée car le texte présente un caractère singulier. En effet, il est écrit d’une traite, sans ponctuation à part des virgules.

Mais, je vous rassure tout de suite ! Le manque de ponctuation n’est pas du tout gênant pour la lecture ! J’avais moi-même des appréhensions au début qui se sont très vite dissipées dès les premières pages.

Dans « Mémoires d’un porc-épic »,  Alain Mabanckou explore l’univers mystique africain, à travers la notion de double d’êtres humains, représentés par des animaux. Ces doubles (des animaux, donc) peuvent être pacifiques (caractérisés par leur générosité et leur vie consacrée à faire du bien) ou nuisibles (redoutables, moins répandus que les doubles pacifiques, et qui doivent exécuter les ordres de leur double humain et commettre des meurtres mystiques), et leurs vies sont intimement liées à celle de leur double humain, puisqu’ils sont destinés à mourir le même jour que ce dernier.

Le narrateur est un porc-épic, double nuisible d’un humain du nom de Kibandi. A la mort de ce dernier, à l’âge de 42 ans, le porc-épic trouve refuge sous un baobab, convaincu qu’il va mourir lui-aussi puisque tel est son destin.

En attendant cette mort imminente, il se livre à un monologue dans lequel il s’interroge sur les raisons pour lesquelles il est encore en vie. Interpellant directement le baobab, son confident, il philosophe, analyse la vie des humains, leurs mœurs et habitudes, leurs comportement ; et fait également une rétrospective sur sa propre vie et celle de Kibandi, nous explique par le menu la notion de doubles pacifiques et nuisibles, comment il en est arrivé à démarrer ce « métier », comment il s’y prend pour « manger » les humains désignés par Kibandi, et les péripéties et contraintes liées à cette activité pour le moins singulière.

J’ai aimé lire Mabanckou. Le texte, réparti en six parties (chacune subdivisée en chapitres), est très bien écrit ; le vocabulaire est recherché sans être ronflant ; la lecture est fluide.

Toutefois, il y a une chose qui m’a dérangé dans ce livre : les détails des meurtres mystiques commis par le porc-épic. Car, étant moi-même africaine, même si je sais que ces pratiques mystiques existent, je n’avais pas spécialement envie de prendre part aux confidences détaillées du porc-épic. Ces histoires de sorcellerie, de pratiques occultes, d’êtres humains qui « mangent » leurs semblables n’est définitivement pas ma tasse de thé !

Malgré ce petit bémol lié à la thématique abordée dans le livre et non au talent de narration de l’auteur, je compte bien poursuivre mon exploration de l’univers d’Alain Mabanckou et vous donne rendez-vous prochainement pour un partage littéraire d’un autre de ses romans.

Excellentes lectures à tous et à très bientôt !

Citations
Page 14
c’est vrai que j’ai eu le privilège de battre le record de longévité de mon espèce, de compter le même nombre d’années que mon maître, je ne prétends pas qu’avoir été son double fut une sinécure, c’était un vrai travail, mes sens étaient sollicités, je lui obéissais sans broncher même si durant les dernières missions je commençais à prendre du recul, à me dire que nous creusions notre propre tombe, je devais pourtant lui obéir, j’assumais ma condition de double comme une tortue qui coltinait sa carapace, j’étais le troisième œil, la troisième narine, la troisième oreille de mon maître, ce qui signifie que ce qu’il ne voyait pas, ce qu’il ne sentait pas, ce qu’il n’écoutait pas, je le lui transmettais par songes, et lorsqu’il ne répondait pas à mes messages, j’apparaissais devant lui à l’heure où les hommes et les femmes de Séképembé allaient aux champs

Page 79
mon maître n’avait pas passé un seul jour de sa vie sans revoir cette nuit où son père nous avait vendu son destin, et les images de l’initiation s’imposaient à lui, il se revoyait à Mossaka, à l^’age de dix ans, en pleine nuit, une nuit peuplée d’effraies, de chauves-souris, cette nuit où Papa Kibandi l’avait réveillé à l’insu de sa mère pour l’entraîner de force dans la forêt, et bien avant de quitter la case le petit Kibandi assista à une scène si peu croyable qu’il se frotta les yeux à plusieurs reprises, il constata en effet que son père était à la fois couché près de sa mère et debout à ses côtés, il y avait ainsi deux Papas Kibandi dans la maison, les deux se ressemblaient comme deux gouttes d’eau, l’un était immobile, couché dans le lit, l’autre était débout, en mouvement, et le gamin, saisi de panique, hurla

Page 154
les romans sont des livres que les hommes écrivent dans le but de raconter des choses qui ne sont pas vraies, ils prétendent que ça vient de leur imagination, il y en a parmi ces romanciers qui vendraient leur mère ou leur père pour me voler mon destin de porc-épic, ils s’en inspireraient, écriraient une histoire dans laquelle je n’aurais pas toujours le meilleur rôle et passerais pour un animal de mauvaises mœurs

lundi 22 octobre 2018

La gueule de leur monde, Abram Almeida





Bonjour à tous,

Pour la chronique de ce jour, je vous invite à découvrir la plume fluide, habile et attachante d’un jeune auteur, Abram Almeida, à travers son premier roman « La gueule de leur monde » qui traite, sous un angle à la fois léger et terriblement réaliste, d’un sujet d’actualité : la migration, en l’occurrence celles des Africains vers l’Europe.

Ces derniers mois, il ne se passe pas une semaine sans que le sujet brûlant des migrants ne soit évoqué dans les médias. Confortablement nichés dans nos quotidiens, l’on pourrait être tenté de ne pas se sentir concerné par leur misère, ou pire encore se dire qu’ils l’ont bien cherché. A-t-on idée de s’entasser dans des embarcations de fortune dans l’espoir d’atteindre les portes d’une Europe déjà accablée par ses propres problèmes économiques et sociaux ? Mais, la vraie question à se poser est : pourquoi ? Pourquoi ces migrants font-ils le choix de quitter leurs pays, leurs familles, au risque de leur vie ? Certainement pas par simple lubie !

L’histoire racontée par Abram Almeida est celle d’un jeune burkinabè, fraîchement diplômé après cinq années d’études dans une université locale, et qui peine à trouver du travail dans un Burkina encore marqué par le soulèvement populaire d’octobre 2014 et la démission du président Compaoré, et où le chômage des jeunes va malheureusement crescendo.

Après plusieurs entretiens d’embauche infructueux et suite à une rencontre fortuite avec deux migrants, notre jeune diplômé qui en a marre de tourner en rond, sans perspectives d’avenir dans son propre pays, prend une décision ultime : tenter lui aussi l’aventure vers l’Europe !

Armé de rêves, d’espoir, d’une naïveté touchante mais parfois agaçante, d’un plan presque parfait et de plusieurs milliers de francs CFA, il se lance donc dans un périple vers le vieux continent. Mais, le voyage vers l’Europe est loin d’être linéaire et dénué d’embûches, d’autant plus lorsqu’on est un migrant clandestin, à la merci de l’adversité, de la précarité et de passeurs malhonnêtes.

Depuis le Niger en passant par le Mali, puis l’Algérie et le Maroc, notre jeune héros qui se lie d’amitié avec d’autres migrants, dont un ivoirien aussi débrouillard que roublard, sera vite confronté aux désillusions d’un voyage où l’imprévu fait loi : agents de douane corrompus au Niger, djihadistes armés jusqu’aux dents et sans états d’âme au Mali, passeurs (devrais-je plutôt dire escrocs) profiteurs de la misère des migrants, policiers violents et bastonneurs en Algérie comme au Maroc, esclavagistes barbares en Libye, changements de plans suite à de nombreux échecs etc.

Et, la violence. Partout. De plus en plus insoutenable. Celle de l’indifférence du monde mais surtout, celle des molesteurs, des tortionnaires. Tout au long du voyage, les cadavres de migrants s’entassent. Nombreux sont ceux qui n’atteindront pas leur destination finale. Le récit de notre jeune héros a beau être empreint d’humour, d’ironie et de bienveillance, notamment envers ses bourreaux, il nous fait vivre de l’intérieur ce qu’on nous montre à la télé sur la condition des migrants au Maghreb, sur l’esclavage des noirs en Libye. C’est comme être dans les coulisses de l’horreur, on s’en passerait bien. Et pourtant, c’est ce que vivent des milliers de migrants.

C’est dur de voir, bien en face, à quoi ressemble la gueule de notre monde. Un monde dans lequel des hommes, des femmes, des enfants risquent leurs vies tous les jours dans leur quête d’un monde meilleur. Comment y rester insensible ? Comment fermer le livre sans vouloir connaître le dénouement ? Notre jeune héros parviendra-t-il à atteindre l’Europe malgré les nombreuses difficultés qui jalonnent sa route ?

Avec « La gueule de leur monde », Abram Almeida signe un récit poignant qui nous renvoie à nos propres existences, à l’absurdité de notre monde et de nos modes de vie.

J’ai beaucoup aimé le style fluide et accessible de l’auteur qui, l’air de rien, nous livre une analyse éclairée sur le monde d’aujourd’hui, à la gueule peu reluisante, où le néo colonialisme des grandes puissances économiques et les enjeux sociopolitiques créent de nombreux dommages collatéraux comme la misère dans de nombreux pays et la horde de migrants de part et d’autre du globe.

Pour finir, j’ai passé un très bon moment de lecture et je recommande donc ce roman sans hésiter !

Très bonne lecture à vous et si vous avez l’occasion de le lire, n’hésitez pas à venir m’en parler sur le blog !


Citations
Page 23
[…] Ces deux parcours de vie m’ont sidéré. Il n’y avait donc pas que moi dans cette galère ? C’était même quelque chose de commun à toute l’Afrique. Le président qui est parti dans un hélicoptère français n’y était donc pour rien ? On a failli le tuer sans raison valable ? Et le général qui a voulu prendre sa place ? Ce n’était ainsi pas sa faute non plus ? C’était préalablement convenu entre tous les chefs d’états africains ? On formait une élite et on la regardait tourner en rond pendant que les parents, amis et connaissances occupaient des postes pour lesquels ils n’avaient aucune compétence ?

Page 105
Et il y en avait d’ailleurs une autre de blague espagnole, bien plus petite que Melilla certes, mais une belle blague quand même. C’était Ceuta. De belles raisons de se foutre sur la gueule en perspective. Dans un avenir qui ne saurait tarder.
Les hommes s’étaient donc partagé notre bonne vieille planète comme s’il s’agissait d’une pizza napolitaine. Ils s’étaient installés un peu partout et avaient décidé que désormais telles et telles parties du monde étaient à eux… du monde, de la mer et même des airs. Ils avaient écrit des chansons bien barbares qu’ils avaient appelés hymnes nationaux, pris des bouts de tissus qu’ils avaient décorés et nommés drapeaux, enfin, ils avaient retranscrit sur papier l’étendue de ce qui était désormais à eux. Ils ont appelé ça des frontières.


Page 112
Satanés réseaux sociaux, aujourd’hui n’importe quel ahuri pouvait déclencher une révolution pour la modique somme de cent quarante caractères bien trempés et d’une connexion internet merdique. Ah, si Gustave Le Bon voyait ça, toute la puissance d’internet au service des foules. Ni plus ni moins qu’une apocalypse en gestation.
L’arme atomique ? Un jouet chers gens, voici Facebook et Twitter. Une photo, une vidéo, un texte et voilà qu’on vous met tout le monde sens dessus dessous. Les réseaux sociaux, c’était ce que l’homme avait inventé qui se rapprochait le plus du verbe : « Lorsqu’Il décide une chose, Il dit seulement : « Sois », et elle est ». Bientôt, on aurait ceci à la place : « Lorsqu’ils décident une chose, ils écrivent seulement : « Hashtag », et elle est ».






lundi 4 juin 2018

Delikatessen, Théo Ananissoh





Bonjour à tous,

J’avais envie de découvrir l’auteur Togolais, Théo Ananissoh, depuis quelques années déjà, alors j’ai décidé d’y remédier cette année ! Et pour cela, j’ai choisi son 6e roman, « Delikatessen », paru en octobre 2017 et dont la quatrième de couverture, bien que laconique de prime abord, a piqué ma curiosité.

Pour tout vous dire, j’ai vécu une expérience presque inédite avec ce livre car je l’ai ouvert avec un apriori étrange (voire absurde), convaincue que je n’allais pas accrocher à l’histoire. Eh bien, c’est tout le contraire qui s’est produit car ce livre m’a littéralement transportée !
Je l'ai lu d'une traite. Impossible de m'arrêter avant la fin. J’avais besoin de savoir ! Et surtout, ce livre me faisait tant de bien que j’avais envie de prolonger ce bon moment. Aucune envie que ça s’arrête !

Alors, j’imagine que vous vous posez tous la question suivante : de quoi parle Delikatessen ?

Enéas, trentenaire togolais qui vit au Canada, rentre à Lomé pour ses vacances, et croise la route de Sonia, belle animatrice télé, également gérante d’un petit restaurant, et dont la beauté attise la convoitise de bien d’hommes.
Sonia est belle. Indéniablement. Elle le sait, elle en joue et maintient autour d’elle des prétendants qui veulent chacun être l’unique homme dans sa vie.
Ignorant qu’elle est convoitée de tous, Enéas la séduit et file le parfait amour avec elle, entre Lomé, Aného et Porto Seguro (actuel Agbodrafo) jusqu’à ce qu’entre en scène un rival implacable, haut placé au sein du gouvernement togolais, qui va bouleverser leurs existences.

L’intrigue, qui se déroule sur trois jours, aborde à travers des lieux chargés d’histoire comme Aného et Porto Seguro (où se trouvent les vestiges de la maison des esclaves), la construction du Togo suite à l’emprise coloniale occidentale, mais aussi son contexte sociopolitique particulier où la corruption, l’influence, la brutalité et la toute-puissance d’une poignée d’hommes détruit l’avenir et la postérité de tout un peuple, comme le déplore à plusieurs reprises le narrateur.

Je dois vous avouer autre chose. Après avoir lu la première page du livre, j’ai failli renoncer. J’ai trouvé le style de Théo Ananissoh un brin trop scolaire. Des phrases simples, courtes. Trop simples ! Qui vont à la fois à l’essentiel mais décrivent méthodiquement et simplement chaque action. Je me suis crue en train de lire le scénario d’un film. Et ça m’a dérangé. Je voulais lire un roman. Pas un scénario ! Et puis… Sans m’en rendre compte, à partir de la 3e page, je n’ai plus arrêté de tourner les pages.

Ce qui fait la force de ce roman, c’est justement son style de narration si particulier, qui intrigue autant qu’il embarque ; son texte d’une intelligence inouïe. Sa simplicité, sa délicatesse cache en réalité une mécanique méthodique dont il devient difficile de s’extirper. Le narrateur interpelle souvent le lecteur, lui parle, le prend à part, lui fait des confidences. Ça surprend au début et puis on s'y habitue, on apprécie l'intimité ainsi permise, ainsi accordée comme à un témoin privilégié.

Tout au long des pages, je me répète une seule chose : ce livre est une claque ! Une claque !

Le style, la narration méthodique. Les personnages si habilement construits autour de la réalité culturelle et politique du Togo sont tellement réalistes, vrais, entiers dans leurs doutes, leurs réflexions, leurs émotions.

Les émotions, justement, sont partout dans ce livre. Tapies derrière les phrases, terriblement justes, elles ne laissent pas indifférent. Elles sont palpables. L'angoisse, la peur, l'anxiété, la rage, le dégoût, l'impuissance, le bonheur, le plaisir de vivre, le plaisir de jouïr !

Je reçois une claque d’émotions, de bonheur à chaque page tournée. Je n’ai pas envie que ça finisse et pourtant, j’ai envie de savoir ce qui va arriver à Enéas et à Sonia.

Delikatessen (qui veut littéralement dire « épicerie fine », en gastronomie) est assurément un grand cru qui se savoure. Il est d'une poésie, d'une délicatesse extrême.

Je le recommande chaudement. Vous devez le lire !

Citations
Page 99
Au pied du lit et jusqu’au plafond […], des tas de choses qu’elle vient peut-être de recouvrir de tissus afin de les dérober à la curiosité involontaire d’Enéas. Pas d’armoire. Une cuvette ici aussi et un panier qui en tiennent lieu, contenant (Enénas suppose) des linges, des pagnes, des robes, et tout ce à quoi tient une femme, quel que soit le lieu du monde où elle vit. Elle tient à ses chaussures, aux crèmes, aux pommades, aux lingeries fines... La pauvreté est extrêmement laide chez la femme et l’enfant. Ce pays humilie la femme. Ces hommes qui l’ont enlevé, ces êtres auxquels la tutelle extérieure interdit d’avoir eux-mêmes pour cause et fin de leur énergie, de leur intelligence, ces hommes interrompus dans leur élan vital y consentent, ces bouffons spoliés de la possession d’eux-mêmes sont des horreurs ; des ordures. Il éprouve plus que de la tristesse ; c’est un véritable sentiment de haine qui lui affecte le cœur.

Page 141
Ici, à Aného, à Lomé, dans tout ce sud côtier du Togo, on ne rénove pas une maison familiale. Aucun fils, aucune fille, même richissime, n’investit dans un bien immobilier qui appartient à une multitude de frères et sœurs hostiles, jaloux, malveillants les uns envers les autres. On revient visiter la vieille mère qui y attend la mort, ou le vieil oncle comme le fait à présent Enéas, on gare devant la ruine stylée (une mémoire architecturale) un rutilant 4 x 4 ou une limousine, on s’assied dans des sièges aux coussins troués, sous des plafonds poussiéreux et trempés d’eau de pluie, on donne de l’argent aux vieillards en repartant, mais jamais on ne s’avise de faire faire des réparations, si petites soient-elles.

Page 180
Enéas… Comment dire ? C’est comme (image prosaïque qui est la première à lui venir à l’esprit)… c’est comme lorsque vous goûtez à quelque chose auquel vous ne vous attendiez pas, et que, d’un coup, vous comprenez que vous pouvez vous nourrir finement sans payer bien plus, que vous pouvez vous montrer exigeant ; que vous avez droit aux delikatessen.

mardi 6 mars 2018

Un avion sans elle, Michel Bussi






Bonjour à tous,

Si vous aimez le suspense et les énigmes à mille inconnues, vous ne serez pas déçu par le livre « Un avion sans elle » de Michel Bussi !
Cela fait près d’un an que plusieurs livres de cet auteur figurent sur ma « reading list ». Alors, en ce début d’année 2018 plein de bonnes résolutions, je me suis enfin décidée à découvrir son univers.
Et je n’ai vraiment pas été déçue par « Un avion sans elle ».

Et pour cause ! Michel Bussi est résolument un maître dans l'art de tenir en haleine un lecteur pendant près de 600 pages, et faire monter crescendo l'envie d'en savoir plus, d’en finir, de découvrir enfin LA vérité !

Alors, de quoi parle ce livre ?

23 décembre 1980. Un avion reliant Istanbul à Paris traverse une tempête de neige et finit par s’écraser en plein Jura, sur le mont Terrible (en réalité le mont Terri). Le bilan est lourd. Sur les 169 passagers de l’avion, 168 décèdent. Un seul survivant donc, et pas des moindres… Un nourrisson de 3 mois, petite fille aux yeux bleus, retrouvée près de l’avion par les pompiers.

Qui est-elle ? Lyse-Rose de Carville, petite-fille du richissime industriel Léonce de Carville ? Ou bien Emilie Vitral, petite-fille de Pierre et Nicole Vitral, modestes vendeurs ambulants de frites ? Car, il y avait 2 nourrissons de 3 mois dans l’avion !

Une bataille juridique démarre entre les deux familles, l’une riche et au bras-long, l’autre pauvre et sans-le-sou. Après plusieurs mois d’une enquête difficile, sans preuves catégoriques et à défaut de pouvoir faire de test ADN à l’époque, la justice finit néanmoins part trancher. La petite fille sera Émilie de Vitral.

29 septembre 1998. 18 ans plus tard, Crédule Grand-Duc, un détective privé mandaté par la famille de Carville, referme avec résignation un cahier dans lequel il a consigné tous les détails de son enquête au cours de toutes ces années. Car en 18 ans, impossible d’affirmer l’identité de la petite fille, surnommée Lylie. Lyse-Rose de Carville ou Emilie Vitral ?

Alors, déçu de n’avoir pu résoudre ce mystère, il décide de mettre fin à ses jours et de laisser son cahier à Lylie, pour son 18e anniversaire. Mais voilà, nouveau rebondissement. Au moment de se tirer une balle dans la tête, un vieux journal du 23 décembre 1980 lui apporte la révélation. La solution de l’énigme ! Mais Crédule Grand-Duc est aussitôt assassiné sans pouvoir dévoiler sa découverte.

A travers les yeux de Marc Vitral, le frère de Lylie, le lecteur est embarqué dans la découverte du cahier d’enquête de Crédule Grand-Duc, et au cœur d’une nouvelle enquête depuis les rues de Paris et de sa banlieue, jusqu’aux montagnes du Jura. Marc parviendra-t-il à résoudre l’énigme grâce au cahier de Grand-Duc ?

Michel Bussi prend un malin plaisir à nous perdre, habilement et volontairement, dans cette énigme abyssale où la vérité n'est pas celle qu'elle semble être et où les apparences sont souvent trompeuses. Le suspense, savamment entretenu, monte progressivement au fil des chapitres caractérisés par une écriture soignée, une douce et efficace mise en branle des mots, et un style incroyablement minutieux.
Chaque phrase est posée exprès, chaque détail compte, chaque mot. Rien n’est placé au hasard pour parfois livrer un petit bout de vérité, lever légèrement le voile sans trop en dire tout de même, voire même pour nous perdre exprès dans toutes ces hypothèses dont chacune pourrait être la bonne…  

Je n’ai d’ailleurs pas résisté à l'envie de m'agacer bruyamment contre les protagonistes de l’histoire qui semblent prendre un malin plaisir à faire durer ce suspense insoutenable alors qu'ils pourraient aller plus vite !

Je me suis fait avoir en commençant ce livre l'après midi. Car c'est le genre de livre qu’on ne lâche que quand il est terminé ! Jusqu'à la dernière ligne, je n'ai pas pu m'arrêter. Le prix ? Une nuit blanche dont mon corps et mon cerveau n'avaient franchement pas besoin !

C'est que Michel Bussi sait s'y prendre pour accrocher votre attention et son intrigue en devient presque obsessionnelle. La vérité finale est une des hypothèses que je m’étais construite au fil de l’histoire, mais j’avoue que j’en aurais préféré une autre J.

Sans vous livrer le fin mot de l’histoire, ce ne serait pas drôle sinon J, je vous invite à découvrir ce livre magnifique que je n’oublierai pas de si tôt et qui me motive beaucoup à lire les autres livres de Bussi qui attendent sur ma « reading list ».

Très bonnes lectures à vous et à très bientôt sur le blog !